En explosant à la surface de la Lune, il a dû creuser un cratère de trois mètres de large et dégager une puissance équivalente à 70 kilogrammes de dynamite. Par un heureux hasard, l’impact de cet astéroïde de 12 centimètres de diamètre le long des rives de Mare Imbrium a pu être enregistré par une équipe de chercheurs de la NASA. Si les explosions d’astéroïdes sont fréquentes sur la Lune, il est rare que les astronomes puissent les observer. En effet, avant celui du 7 novembre dernier, le dernier enregistrement d’impact remontait à 1999.
Un télescope testé au bon moment !
Wes Swift et Bob Suggs, chercheurs au centre spatial Marshall de la NASA, faisaient les réglages d’un nouveau télescope couplé à une caméra - dont le but était justement d’observer des impacts météoritiques sur la Lune - quand ils aperçurent cette étonnante explosion. « L’éclair que nous avons vu était presque aussi brillant qu’une étoile de 7ième magnitude ». Autant dire qu’ils n’en espéraient pas tant pour une première nuit d’observation !
Selon les experts, l’astéroïde qui a frappé la Lune fait partie des Taurides, le nuage de poussières laissée dans son sillage par la comète Encke, qui passe à proximité de la Terre chaque fin octobre et illumine le ciel terrestre d’étoiles filantes. Si ces météorites se désintègrent dans notre épaisse atmosphère et se montrent inoffensives, ce n’est pas le cas sur la Lune, où elles viennent littéralement exploser à sa surface. Ainsi, celle observée par les deux chercheurs a creusé un cratère de l’ordre de trois mètres de diamètre et de 40 centimètres de profondeur.
La dernière observation d’impacts météoritiques sur la Lune remonte à 1999. A l’époque, plusieurs astronomes éloignés les uns des autres avaient photographié les impacts des Léonides sur notre satellite. Comme Suggs le rappelle, ce faible nombre de clichés est surtout dû au peu d’intérêt que l’on porte aujourd’hui à la Lune. C’est pourquoi il songe à une méthode automatisée : " Nous envisageons un programme de suivi à long terme actif non seulement pendant les pluies d’étoiles filantes traditionnelles, mais également entre ces périodes de pluies. Il nous faut développer un programme informatique qui sera capable de détecter automatiquement les éclairs d’impact. Rester 4 heures de suite l’œil rivé à l’oculaire dans l’espoir d’observer un fugitif éclair n’est tout simplement pas tenable. C’est typiquement un travail pour ordinateur. "
S’agit-il bien d’une météorite ?
Suggs et son équipier affirment à présent qu'ils sont sûrs à 99% d'avoir bien observé un impact sur la Lune. Néanmoins, avant de conclure à l'hypothèse d'une explosion météoritique, et étant donné qu'ils étaient les seuls à l’avoir observée, ils ont dû balayer l'ensemble des possibilités.
Cet éclair pourrait-il être simplement un rayon cosmique enregistré par la caméra ? D’après Suggs, la réponse est non : « Nous avons observé l’explosion lunaire sur cinq poses consécutives. Un rayon cosmique n’aurait été visible que sur un seul de ces clichés ».
Les chercheurs ont-ils observé le miroitement d’un satellite passant entre la Lune et la Terre ? Apparemment non, aucun satellite civil ne se trouvait dans les parages. Néanmoins, les Etats-Unis ne communiquant jamais la position de leurs satellites espions et militaires, cette hypothèse est restée envisageable.
Enfin, auraient-ils pu apercevoir une étoile filante dans l’atmosphère terrestre en lieu et place d’un impact météoritique sur la Lune ? Encore une fois, Suggs répond par la négative : « Pour mimer l’effet d’un impact lunaire, un météore terrestre devrait se déplacer de façon exactement parallèle à la ligne de visée du télescope. Seule cette configuration lui permettrait d’apparaître comme un point, et non comme une traînée lumineuse. Finalement, la probabilité pour qu’il s’agisse d’un impact lunaire est bien plus élevée. De plus, la courbe de lumière de l’impact du 7 novembre 2005 présente les mêmes caractéristiques que celles des Léonides lunaires observées en 1999 et 2001. Enfin, elle ne correspond pas à ce qu’on attendrait d’une météore terrestre d’aspect fortuitement ponctuel. »
Ainsi, il semble bien que les deux chercheurs aient réellement observé un impact météoritique sur la Lune. Et ce, dès la phase de test de leur nouveau télescope. Comme le dit le vieil adage, pour un astronome, ne pas avoir de chance est une faute professionnelle !