Deux physiciens avancent une théorie provocante pour expliquer l'un des mystères de la naissance de l'univers.
La constante gravitationnelle, constante fondamentale de la physique, n'est peut-être pas si rigide. Et ses variations, loin de nuire à notre univers, pourraient expliquer l'un des mystères de sa naissance : le manque d'hélium observé par les astronomes dans notre cosmos encore balbutiant par rapport aux prédictions théoriques.
La constante G, découverte par Newton, est liée à la force gravitationnelle qui s'exerce entre deux corps. Cette force agit sur les planètes, les êtres humains, et au niveau subatomique, sur les particules élémentaires comme les photons ou les neutrons. La physique moderne veut que cette constante reste invariable quels que soient les corps en jeu. Mais John Barrow, de l'Université de Cambridge en Grande-Bretagne, et Robert Scherrer, de l'Université Vanderbilt aux Etats-Unis, pensent que sa valeur pourrait être modifiée selon que la force gravitationnelle s'exerce sur des photons, particules de lumière purement énergétiques, ou sur des neutrons, électrons ou autres protons, particules pourvues de masses.
Les chercheurs ont modélisé un univers équipé d'une constante gravitationnelle variable selon que la particule visée soit énergétique (un photon) ou bien massique. Ils ont découvert qu'une légère variation apportée à la constante G ne changeait pas l'évolution de l'univers. Bien au contraire, cette variation pourrait fournir une explication efficace au trop peu d'hélium apparu juste après le Big Bang et observé aujourd'hui par les télescopes, quand on compare cette quantité avec celle calculée par les modèles théoriques.
Quelques minutes après la naissance de l'univers, celui-ci baignait dans une soupe de particules très énergétique. Puis les neutrons présents se sont peu à peu transformés en hélium, selon un scénario lié à la vitesse de l'expansion de l'univers. Si G était légèrement plus faible quand la gravitation s'exerce sur les photons que lorsqu'elle s'exerce sur des neutrons, le cosmos aurait grandit plus lentement, et moins de neutrons auraient eu le temps de se transformer en hélium. La théorie des deux physiciens reste à être validée par la communauté scientifique.