Il faut considérer les voyages spatiaux à plusieurs échelles. Dans le Système Solaire, tous les engins partent de la Terre (pour la bonne raison que la seule civilisation texhnologique du Système Solaire habite cette planète-là). Or, la Terre se déplace sur son orbite autour du Soleil avec une vitesse de 30 kilomètres par seconde environ. Donc un engin spatial avant son lancement se déplace avec la Terre, à la même vitesse.
Quand on lance une fusée, on lui communique une vitesse de quelques kilomètres par seconde, qui lui permet de s'affranchir de la pesanteur terrestre et de s'élever. Si on lance la fusée dans la direction du mouvement de la Terre (comme un footballeur qui fait avancer le ballon devant lui en montant vers le but advers par exemple), alors celle-ci va gagner quelques kilomètres par seconde de vitesse en plus des trente qu'elle avait déjà au sol.
Et quand on accélère un objet en orbite, il s'éloigne de l'objet autour duquel il tourne. En l'occurence, la fusée s'éloigne du Soleil et prend pour trajectoire une orbite un peu plus large que celle de la Terre.
Au contraire, si on lance une fusée dans la direction arrière, avec un sens opposé au mouvement de la planète, alors la lanceur va perdre quelques kilomètres par seconde. Et à l'inverse, quand on fait ralentir un objet en orbite, il se rapproche de l'objet autour duquel il tourne. Cela donne des sondes qui se rapprochent du Soleil.
Mais on a toujours utilisé des sondes qui tournaient autour du Soleil sur des orbites en forme d'ellipse. Assez souvent, on vise une planète et on freine pour que cette dernière puisse capturer la sonde et la fasse tourner autour d'elle comme un satellite artificiel.
C'est très difficile de se diriger dans la direction opposée au Soleil car cela signifie que le vaisseau atteint ce que l'on appelle la "vitesse de libération". Cette vitesse est simplement définie comme étant celle qu'il faut avoir pour s'extirper complètement d'une emprise gravitationnelle. Le vitesse de libération de la Terre est de 11,2 km/s, ce qui est encore faisable en matière de lancement. Mais la vitesse de libération du Soleil vaut plusieurs fois celle de la Terre, et on n'est pas encore capable d'éjecter un vaisseau spatial vers l'extérieur du Système Solaire en ligne droite, du moins depuis la Terre.
Mais tout n'est pas nécessairement perdu : on peut se servir des autres planètes comme des tremplins successifs. Si un survol planétaire est bien mené, il peut communiquer un gain de vitesse au vaisseau. La sonde de la mission New Horizons va survoler Jupiter de près le 28 février prochain, et après cela elle va filer presque en ligne droite vers Pluton. C'est la première fois qu'une sonde interplanétaire adopte une telle trajectoire, et on n'aurait pas pu le faire sans la rencontre avec Jupiter. Malgré un lancement très rapide, la sonde se déplace encore sur une orbite elliptique et reste sous l'influence du Soleil, en lui tournant autour.
D'autre part, pour tomber en ligne droite dans le Soleil, il faut en effet avoir une vitesse nulle par rapport à lui. De cette manière, si on lance une fusée dans le sens opposé au déplacement de la Terre avec une vitesse de 30 km/s, alors les deux vitesses s'annulent (Terre et fusée) et le lanceur tombera directement sur le Soleil.
A l'échelle de l'Univers entier, les déplacements en ligne droite et à l'infini ne sont pas possibles. L'espace est comme recourbé sur lui-même, et si on suit une ligne droite sur une distance suffisamment grande, on revient à son point de départ.