Bonsoir,
La notion de prévision, en mécanique céleste comme ailleurs, tient d'abord et avant tout dans une connaissance complète, précise et approfondie des règles auxquelles semble obéir le comportement des objets que l'on étudie. Si l'on prend comme exemple le déplacement des corps du système solaire, alors les "règles" en question prennent la forme de formules écrites en langage mathématique. Ces formules contiennent des paramètres comme la position et la vitesse des corps qui nous intéressent. Il reste à connaître les valeurs chiffrées de ces grandeurs à un moment donné - par l'observation - et de les incorporer dans les formules pour que ces dernières nous donnent, une fois résolues par le calcul, les valeurs des mêmes grandeurs à tout moment dans l'avenir comme dans le passé.
La trajectoire de n'importe quel objet se déduit d'une part de sa position dans l'espace à n'importe quel instant servant de référence et d'autre part de toutes les influences qu'il peut subir de la part des objets qui l'environnent. En mécanique céleste ces influences se limitent essentiellement à l'attraction gravitationnelle, qui contribue à écarter en permanence les corps sur lesquels elle s'exerce de la trajectoire en ligne droite qu'ils suivraient s'ils étaient livrés à eux-mêmes.
La trajectoire des astéroïdes est un thème prévisionnel parmi d'autres, comme les éclipses.
Pour savoir si un alignement des planètes aura lieu cette année, il suffit ainsi de connaître leur position à n'importe quel moment et de savoir quelles sont les régularités qui gouvernent leur mouvement (combien de temps elles mettent pour effectuer un tour complet autour du Soleil par exemple). La conjugaison de ces deux savoirs mène à la conclusion qu'aucun alignement planétaire, même très vague, n'aura lieu en 2012.
S'il s'agit d'examiner les prédictions maya, j'ai bien peur que l'astronomie ne soit d'aucune utilité, car le contenu de ces prédictions ne contient aucune référence à un quelconque phénomène astronomique. Je voudrais insister là-dessus : jamais et nulle part les Maya n'ont expliqué clairement ce qui allait se passer le 21 décembre 2012. Cette date correspond, dans un de leurs calendriers rituels (ils utilisaient en effet plusieurs calendriers en marche simultanée) à la fin d'une ère qui a débuté il y a plusieurs millénaires. Cette conception cyclique du temps qui passe est extrêmement fréquente dans la pensée mythique, les époques se succédant de manière continue, entrecoupées par de brefs épisodes de dévastation. Ces apocalypses, recueillies dans différents traditions et à différentes époques se montrent très peu variées dans leur façon de se dérouler, et on peut en fait presque toutes les ranger dans deux catégories : soit le monde est dévasté par l'eau (en grec : kataklysmos), soit il est ravagé par le feu (en grec : ekpyrosis). Les Maya envisageaient un cataclysme, donc une inondation catastrophique, mais ils n'ont livré aucune considération à propos des causes de cet incident. Toutes les explications qui circulent ne sont que le résultat d'interprétations aléatoires qui ne reposent sur rien de sérieux.
La surveillance des astéroïdes est un thème très convenable, mais la référence aux Maya devient incongrue. Le problème se pose en ces termes : savoir quels astéroïdes parmi tous ceux observés suivent une trajectoire recoupant celle de la Terre autour du Soleil et à quel moment dans l'avenir un astéroïde et la Terre se retrouveront tous deux au même endroit, celui de l'intersection entre leurs deux trajectoires. Cela a été appliqué il y a un peu plus d'un an, avec la prévision accomplie d'une chute de météorite en Afrique.