Mars et Neptune sur Terre : c'est possible !

Citation :: Deux informations presque simultanées et indépendantes, en provenance de laboratoires espagnols, traitent de démarches identiques : reproduire pour l'une ou tenter de reproduire pour l'autre, des conditions extraterrestres, en l'occurrence martiennes et neptuniennes.

La première est du domaine de l'astrobiologie : maintenant que l'on sait qu'il y a eu de l'eau sur Mars dans le passé et qu'il y en a peut-être même aujourd'hui dans le sous-sol, celui-ci est-il propice à la vie ? Il faudra bien sûr aller voir mais en attendant, que peut-on prédire ? Pour répondre à cette question, une étude dirigée par le scientifique Felipe Gómez du Laboratorio de Extremofilia du CAB, Centro de AstroBiologia (CSIC-INTA) de Madrid a tenté de simuler la situation. Pour ce faire, les chercheurs ont sélectionné une bactérie qui aurait des chances de survie, à savoir une bactérie qui aime les environnements riches en fer comme l'est le sol martien, et l'ont soumise aux conditions de la planète rouge : faible pression atmosphérique (7 millibars contre 1013 sur Terre), température basse de -120°C et radiations solaires riches en UV. Le résultat, publié dans la revue Icarius de la Société d'Astronomie des Etats-Unis : dès 2 millimètres d'enfouissement, la chance de survie des bactéries atteint 35%. De telles données motivent bien sûr plus que jamais pour aller voir de plus près, ce que fera la sonde Curiosity de la NASA qui doit être lancée fin 2011 dans le cadre de la mission Mars Science Laboratory à laquelle est associée le CAB [1].

Autre planète, autre simulation (à venir) : 15 physiciens dont A.R. Piriz de l'ETSII de l'université de Castille-La Manche, ont conçu une expérience de simulation qu'ils ont présentée dans la revue New Journal of Physics [2]. L'idée est d'utiliser l'accélérateur de particules allemand FAIR qui doit être mis en route en 2015. Avec celui-ci, ils escomptent recréer l'état " superionique " que l'eau adopte au coeur de Neptune. L'état superionique est une phase exotique de l'eau, obtenue sous très forte pression dans laquelle les atomes d'oxygènes sont fixes et les ions hydrogènes non, formant ainsi un curieux entrelacement de solide et de liquide. L'accélérateur fournira des faisceaux d'ions d'uranium qui permettront d'exercer une pression très forte et uniforme sur les molécules d'eau et de reproduire ainsi les conditions planétaires impliqués. Pourquoi de telles recherches ? Pour les chercheurs, recréer cette phase extraterrestre doit permettre de mieux comprendre les champs magnétiques de planètes comme Neptune ou Uranus qui sont très différents du nôtre.

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