Si la vitesse avait été trop élevée au départ, la Lune se serait éloignée jusqu'à une certaine distance avant de se stabiliser sur une nouvelle orbite, plus élevée. Pour justifier cet éloignement continu, il faut invoquer une accélération, c'est-à-dire une augmentation permanente de la vitesse, pas un simple excès.
L'attraction lunaire déforme effectivement le globe terrestre en soulevant, notamment, de larges bosses orientées l'une vers le satellite et l'autre à l'opposé. Comme la Terre tourne nettement plus vite sur elle-même que la Lune ne tourne autour de la Terre, ces déformations ne sont ni totalement solidaires de la Terre ni parfaitement orientées dans la direction de la Lune. Il y a opposition constante entre la tendance terrestre à emporter les bosses avec elle, en 24 heures, et la tendance lunaire propre à maintenir les excroissances droit sous elle, puisque c'est la Lune qui les soulève. En conséquence, l'axe formé par les deux bombements est décalé de trois degrés vers l'Est par rapport à la direction Terre-Lune. L'Est est la direction vers laquelle tournent Terre et Lune. Les marées que soulève la Lune, pour le dire autrement, ont une légère avance par rapport au mouvement du satellite, puisqu'elles se laissent également entraîner par une Terre à la rotation relativement rapide. Mais les excroissances de marées représentent surtout des structures où une partie de la masse de la Terre se concentre. Et comme c'est la masse de la Terre qui attire la Lune et l'oblige à lui tourner autour, le fait qu'une petite portion de planète Terre dépasse en direction de la Lune tout en semblant la précéder dans son mouvement provoque un excès d'attraction orientée, du point de vue de la Lune, vers l'avant. Celle-ci est alors forcée d'accélérer, donc de s'éloigner de la Terre.
Le décalage entre axe des déformations et direction Terre-Lune résulte ainsi de deux tendances contradictoires, expliquées plus haut. Qu'une tendance rencontre une opposition de la part d'une autre explique que la Lune s'éloigne de la Terre, et que l'autre tendance soit empêchée par l'une explique que la rotation de la Terre ralentisse. Les deux phénomènes sont chacun contrepartie l'un de l'autre, liés par ce mécanisme unique d'instauration d'une sorte d'équilibre. S'il est vrai que le soulèvement incessant des marées à des endroits différents du globe terrestre s'accompagne d'une dissipation d'énergie, cette dissipation n'a lieu qu'au niveau de la Terre et n'explique que le ralentissement de sa rotation. Rien n'est dit sur la manière dont la Lune "apprend" que la Terre a sujette à des fuites d'énergie et ajuste son altitude...