Les séparations entre interactions fondamentales, que l'on suppose unifiées dans les premiers instants de l'Univers, s'accompagnent de brisures de symétries dans les champs associés à ces interactions. Ce phénomène est comparable à une transition de phase, et c'est d'ailleurs le nom que les physiciens lui ont donné, sans inventer de terme nouveau.
Lorsque l'eau se change en glace par refroidissement, elle perd de sa symétrie interne. L'eau est en effet un liquide homogène, et déplacer les molécules d'eau les unes par rapport aux autres est sans aucune incidence : c'est un changement qui ne remarque pas (ce qu'impliquent toutes les symétries). La glace perd de cette symétrie, puisque les molécules d'eau s'arrangent selon un schéma déterminé, cristallin. Dans cette situation, on voit apparaître des direction et des orientations privilégiées, particulière, ainsi qu'une symétrie hexagonale moins développée que la parfaite symétrie de l'eau liquide.
La cristallisation de l'eau est généralement un phénomène progressif : il y a une amorce de cristal, soit quelques molécules qui s'assemble selon le schéma hexagonal caractéristique de l'eau, et les autres molécules se joignent à cette amorce en maintenant le schéma cristallin tel qu'il est. Les positions sont en quelque sorte prédéterminées, chaque molécule devant se placer d'une manière unique par rapport aux autres. Ceci est compris dans la définition du mot cristal, en fait. Pour finir, on se retrouve avec un seul gros cristal de glace à partir du volume d'eau liquide de départ, dont le motif cristallin, à petite échelle, est orientée de la même manière partout dans tout le bloc de glace. Ce bloc se caractérise donc par une homogénéité interne, toutes les parcelles étant semblables aux autres.
Il se peut aussi qu'il y ait plusieurs amorces dans la masse d'eau liquide, et chacune sera à la source d'un sous-bloc de glace dont les molécules auront une orientation différente des molécules du sous-bloc adjacent. Chaque amorce à la cristallisation grandira pour donner un bloc de glace hétérogène, fait de plusieurs parcelles accolés ensemble. Chaque parcelle sera caractérisée par une orientation des cristaux de glace qui la composent à l'échelle microscopique.
Si la transition de phase du vide s'est produite de la seconde manière, c'est-à-dire localement et pas d'un seul et même coup partout dans l'Univers, au même instant, alors on a aussi plusieurs domaines adjacents séparés par des cordes cosmiques. Ce sont des anomalies qui ne sont pas matérielles, mais massives quand même. Leur énergie provient de l'énergie dépensée pendant la transition de phase (la "chaleur latente"). L'explication avec les molécules d'eau est encore facilement compréhensible, mais passer au vide demande un effort d'abstraction tel qu'on ne peut plus faire confiance qu'aux mathématiques. Il est impossible d'imaginer le vide cristalliser, mais les cordes cosmiques sont des défauts topologiques, des "coutures" dans le "tissu" spatial censé être continu, uni et homogène.
Comme ce sont des objets massifs, elles ont pu rassembler de la matière autour d'elles et constituer des amorces à leur manière, mais dans la constitution des galaxies et amas de galaxies. Il est vrai qu'à très grande échelle, les superamas de galaxies semblent dessiner un motif complexe, en filaments entrecroisés qui donne une structure vaguement spongieuse. Il n'y a en fait pas besoin de supercordes pour provoquer l'apparition de ces filaments : c'est une disposition qu'adoptent spontanément les superamas de galaxies pendant l'évolution de l'Univers. La matière noire peut servir d'amorce également.
La lentille gravitationnelle est un cas particulier de mirage gravitationnel, celui où la masse courbant le trajet des rayons lumineux et faisant apparaître une image d'un objet là où il ne se trouve pas est approximativement ponctuelle. Cela peut sembler scandaleux de comparer un amas de galaxies à une masse approximativement ponctuelle, mais avec des milliards d'années de recul, c'est tout à fait permis. C'est encore en raison de leur masse élevée que les cordes cosmiques peuvent causer des mirages gravitationnels. Si elles existent, ces mirages doivent se manifester dans les cartes du bruit de fond micro-onde cosmologique. Au lieu des mouchetures auxquelles nous sommes habitués, on devrait commencer à deviner, à petite échelle et dans le détail, un motif en forme d'enchevêtrement de fils, comme si on regardait par-dessus un plat de spaghetti, se superposant aux fluctuations de température.
La propriété de la matière qui lui permet d'interagir électromagnétiquement est sa charge électrique. Il n'existe pas d'explication fondamentale de la charge électrique : c'est une propriété des particules élémentaires qui nous est donnée par l'observation, et c'est tout pour le moment. C'est à la "physique qui vient" de fournir une justification à l'existence des charges, en faisant intervenir tout un jeu de mécanismes sous-jacents que nous ne soupçonnons pas encore.
La propriété de la matière qui lui permet d'interagir gravitationnellement est sa masse, et là on a le mécanisme de Higgs pour conférer leur charge (leur masse) aux particules.