Il est plutôt étonnant que le livre lui-même ne fasse pas explicitement mention de la similitude entre ce qui est arrivé à la Lune et à Mercure. Les deux événements trouvent leur justification au même endroit : dans les scénarios contemporains de la formation du Système Solaire.
Les simulations informatiques montrent que si l'on laisse évoluer un disque de poussières autour du jeune Soleil, disque poussiéreux comme on en trouve autour de bon nombre d'étoiles jeunes, il finit par se former dans le Système Solaire interne une vingtaine de corps ronds dont la taille s'échelonne entre celle de la Lune et celle de Mars. Or, il n'y aujourd'hui et dans cette même région que cinq objets dont la taille va de celle de la Lune et le double de celle de Mars. Il faut donc supposer que ces vingt proto-planètes ont divisé leur nombre par quatre et ont doublé leur taille par collisions, rencontres et coalescences.
Au fond, il est arrivé la même chose à la Terre et à Mercure, mais avec quelques différences. La plus importante que la collision entre la Terre et son impacteur était rasante, tangentielle, ce qui a permis à la Terre de s'accaparer une bonne partie de la masse de l'impacteur, tandis que le reste se satellisait autour sous la forme d'un disque de débris. Ce disque était apparemment une structure hautement instable, car en l'espace de 24 heures, un noyau condensé émergeait déjà à l'intérieur du disque, et après un siècle, ce noyau a rassemblé sur lui le reste du disque pour donner la Lune (enfin ce à quoi elle devait ressembler à l'époque).
A propos de Mercure, la collision n'était non pas rasante, mais elle a eu lieu de front. Dans ces circonstances, les deux noyaux métalliques des deux objets ont pu se rassembler, alors que les enveloppes rocheuses se sont répandues aux alentours. Seule une fraction de cette masse rocheuse est retombée sur Mercure par la suite, laissant la planète essentiellement métallique que nous connaissons aujourd'hui.
Les débris éjectés lors de ces deux collisions, mais aussi des autres, sont dans un premier temps restés dans le Système Solaire interne. Cette position ne pouvant être conservée indéfiniment en raison de l'importance et de la fréquence des perturbations subies de la part des planètes déjà présentes, ils ont fini, au bout d'une période avoisinant la centaine de millions d'années, à disparaître par collision avec les plus grandes planètes, en tombant sur le Soleil ou en étant expulsés vers le Système Solaire externe. Il est malgré cela impossible que la ceinture cisjovienne (à l'intérieur de l'orbite de Jupiter) ait un quelconque lien avec les événements décrits ici.
Ces collisions entre grands corps proto-planétaires doivent s'être produites autour de l'étoile Véga, qui n'étant plus si jeune est pourtant entourée d'un important disque de débris. La poussière "initiale" devant avoir abandonné cette forme depuis longtemps, on en vient à supputer l'intervention d'un autre mécanisme producteur de poussière autour d'une étoile déjà âgée d'une centaine de millions d'années.
- Citation :
- Cependant, la Lune est constituée de croutes un peu comme la Terre, ce qui laisse croire qu'elle a eu une formation bien a elle.
Cela ne laisse croire rien de particulier : tous les objets planétaires atteignant une certaine taille (le millier de kilomètres, pour donner une idée) se subdivisent en plusieurs épaisseurs à l'intérieur, et ce quelle que soit la manière dont l'objet a atteint cette "certaine taille".